De nouveaux espaces sont désormais réservés aux collections archéologiques. Initialement, seule une pièce de 120 m² avait été prévue au dernier niveau du bâtiment. Mais un mois à peine après l’inauguration, Charles Durand envisage de transformer une des cours intérieures en espace couvert. Lors de la rentrée solennelle des facultés en novembre 1886, le doyen Auguste Couat se félicite "qu’une des cours qui avoisinent les grands amphithéâtres va être vitrée et transformée en un musée plus petit mais analogue à celui de la grande cour vitrée de l’École des Beaux-Arts de Paris”. Le 21 décembre 1886, un décret officialise la création du Musée archéologique à la faculté des lettres de Bordeaux.
Pierre Paris, nommé maître de conférences sur une chaire d’archéologie et d’institutions grecques (arrêté du 7 août 1886), prend les rênes de ce musée universitaire. Chargé des commandes des moulages et des photographies, il assure également l’aménagement du lieu. Une bibliothèque spécifique à l’histoire de l’art antique est constituée. Lors de la rentrée universitaire suivante, le nouveau doyen annonce que Pierre Paris a achevé “la laborieuse installation de ce musée archéologique”, dénonçant une superficie trop restreinte par rapport à l’ampleur de la collection : “La patience et le goût du professeur ont réussi à rendre le trop réel encombrement de notre salle presque agréable à l’œil ; mais que ferons-nous des nouveaux moulages qui sont encore attendus ?”
À la fin des années 1960, de nouveaux bâtiments sont conçus sur le site de Pessac-Talence pour accueillir la faculté de sciences, puis celles de lettres et de droit. Contrairement à ce qui s’est passé pour Montpellier, le programme de la future université Bordeaux 3 n’intègre pas d’espace spécifique pour le Musée archéologique. Les moulages, comme les épreuves sur papier, sont déposés au nouveau musée d’Aquitaine qui s’installe, lui, dans l’ancienne faculté des lettres et des sciences.
Cette collection demeure un temps à son emplacement initial mais elle est délaissée progressivement par les enseignants. Seuls les statuettes de Myrina et quelques objets archéologiques sont transférés sur le campus, pour orner le bureau de Jean Marcadé, professeur d’archéologie et d’histoire de l’art antique, dans un meuble conçu à cet effet. Les nouvelles orientations données à l’enseignement de la discipline et les nouveaux supports pédagogiques avaient alors rendu le Musée obsolète.
LAGRANGE Marion et MIANE Florent,
“Le Musée archéologique de la faculté des lettres de Bordeaux (1886). L’institutionnalisation des collections pédagogiques et scientifiques”, In Situ, n°17, décembre 2011.
> http://insitu.revues.org/920
BARBANERA Marcello, “Les collections de moulages au XIXe siècle : étapes d’un parcours entre idéalisme, positivisme et esthétisme”, dans Lavagne Henri et Queyrel François (dir.), Les moulages de sculptures antiques et l'histoire de l'archéologie (Actes du colloque international, 24 octobre 1997), Genève, Droz – Paris, Champion, 2000, p. 57-73.
BÉGUERIE Catherine, « L’Enseignement de l’histoire de l’art à Bordeaux. Premiers cours, premiers professeurs : l’émergence d’une discipline ». Revue archéologique de Bordeaux, année 2004, t. XCV, p. 225-238.
MARTINEZ Jean-Luc, « La collection de moulages : un musée pédagogique », dans Texier Simon (dir.). L’Institut d’art et d’archéologie. Paris 1932, Paris, A. et J. Picard, 2005, p. 93-104.
RECHT Roland, « Le moulage et la naissance de l’histoire de l’art », dans Le musée de sculpture comparée : Naissance de l’histoire de l’art, Paris, Monum-Centre des monuments nationaux, 1999, p. 46-53.
SWENSON Astrid, « Musées de moulages et politiques patrimoniales. Regards croisés sur la France, l’Allemagne et l’Angleterre au XIXe siècle», dans Rolland Anne-Solène et Murauskaya Hanna (dir.), Les Musées de la Nation. Créations, transpositions, renouveaux. Europe, XIXe-XXIe siècles (Actes de colloque, 5, 6 et 7 décembre 2007), Paris, L’Harmattan, 2008, p. 205-219.
1874 | Louis Liard est nommé professeur de philosophie à la faculté des lettres de Bordeaux. |
1875 | Philippe-Jacques Roux devient doyen de la faculté des lettres de Bordeaux. |
1876 | La municipalité de Bordeaux accepte de construire une faculté de médecine, un observatoire astronomique et un bâtiment devant regrouper initialement la faculté des lettres, la faculté des sciences et la faculté de théologie. |
1876 | Maxime Collignon est nommé sur une chaire d’antiquités grecques et latines à la faculté des lettres de Bordeaux. |
1878 | Création de la Société pour l'étude des questions d'enseignement supérieur avec son bulletin : Revue internationale de l'enseignement. |
1879 | Lettre du doyen Roux à l’Adjoint au maire, division de l’Instruction publique (Louis Liard), 31 mars 1879 : demande « un musée pour les collections archéologiques et un musée pour les collections géographiques ». |
1880 | L’architecte municipal Charles Durand débute les travaux de la faculté des lettres et des sciences, située cours Pasteur, à la place du lycée des Feuillants. |
1880 | Liard devient recteur de l'Académie de Caen. |
1881 | Auguste Couat devient doyen de la faculté des lettres de Bordeaux. |
1882 | Ouverture du musée de sculpture comparée au Trocadéro (Musée des monuments français). |
1882 | Collignon publie un rapport commandé par le ministère de l’Instruction publique sur l’enseignement de l’archéologie classique et les collections de moulages dans les Universités allemandes. |
1883 | Collignon est nommé suppléant de Georges Perrot à la Sorbonne. |
1884 | Liard est nommé directeur de l’Enseignement supérieur. |
1885 | Pierre Paris est chargé d’un cours complémentaire de langue et littérature grecques à la faculté des lettres de Bordeaux. |
1886 | Le 8 janvier, le Conseil municipal vote un crédit de 12 587,93 francs pour la transformation et l'aménagement d'une des deux cours intérieures du nouveau bâtiment pour y installer un musée de moulages comprenant photographies et reproductions archéologiques. |
1886 | Le 17 janvier, le nouveau bâtiment de la faculté des lettres de Bordeaux est inauguré. |
1886 | Paris est nommé maître de conférences sur une chaire d’archéologie et d’antiquités grecques. Il est chargé en outre de mettre en place le Musée archéologique. |
1886 | Création du Musée par décret du 21 décembre 1886 sous le ministère Berthelot. |
1887 | Alfred Espinas devient doyen de la faculté des lettres de Bordeaux. |
1889 | Plus de mille photographies sont acquises pour le musée. |
1890 | Paul Stapfer devient doyen de la faculté des lettres de Bordeaux. |
1892 | Publication par Pierre Paris du catalogue du Musée archéologique commencé en 1889. |
1893 | Lettre du doyen Stapfer au Recteur, Bordeaux, le 18 janvier 1893 : « Après un commun accord entre MM. Les Doyens des 2 Facultés conclu en présence de M. Liard, notre Directeur, ces salles et cette cour furent attribuées à la Faculté des Lettres pour y installer dans la cour, un vaste pavillon qui serait le musée d’Archéologie et dans les salles, des collections photographiques, une Bibliothèque spéciale et un Cabinet, dépendance du dit musée ». Ce projet reste sans suite. |
1895 | Trois nouvelles salles au sous-sol s'ouvrent pour permettre de désencombrer la salle principale et d'agencer les sculptures par période. |
1896 |
Don de statuettes provenant des fouilles de Myrina menées par Edmond Pottier, professeur à l'école du Louvre, Salomon Reinach et Alphonse Veyries, élèves de l'école d'Athènes. En outre, le musée du Louvre envoie un ensemble de vases et fragments de vases afin de permettre un cours sur la céramique à partir d'une collection existante. |
1896 | Le statut des universités est en vigueur le 10 juillet 1896. |
1898 | Maurice Holleaux, directeur de l'Ecole française d'Athènes, crée à Lyon le Musée des moulages antiques qui est inauguré la même année en présence de Liard. |